Le Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK) fut fondé le 15 février 2010 par des éléments indépendants croyant que toute force qui s’ajoute à la dynamique du mouvement revendicatif identitaire et démocratique ne peut être que positive et excerce une pression supplémentaire sur le pouvoir algérien pour reconnaitre le droit naturel d’existence aux populations autochtones du pays, notamment kabyles. Une position radicale renforce et pousse une position moins radicale qui va dans le même sens...
Depuis la création du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK), nous avons suivi avec attention les réactions sur le terrain et sur la toile électronique. Nous avons ramarqué que deux mots sont souvent associés à l’indépendance : “révolution” et “armes”. Nous acceptons le premier et nous rejetons catégoriquement le deuxième. Nous n’avons jamais appelé à prendre les armes et nous croyons fermement aux révolutions tranquilles à la québécoise.
L’Histoire nous renseigne que des mouvements pacifiques ont abouti. Nous sommes convaincus que le temps des révolutions armées est révolu. Toutefois, nous sommes conscients qu’un pouvoir despotique qui refuse tout dialogue est prêt à massacrer ses citoyens même dans une marche des plus pacifiques au monde.
Le lancement du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK) a été vu comme étant une création des services secrets algériens pour contrer les mouvements et partis d’opposition, notamment en Kabylie. Devant cet embrouillamini, nous avons gelé toutes nos activités depuis le 5 avril 2010. Actuellement, un climat de confusion continue de régner autour de nos intentions quant à la création de notre mouvement. Nous n’avons jamais fondé notre existence sur celle d’aucun organisme officiel ou non-officiel. Nos intentions étaient de faire le mouvement et d’excercer notre pression pour l’aboutissement de l’un des projets qui pourrait garantir les droits naturels et indéniables de toutes les populations autochtones de l’Afrique-du-Nord, à commencer par les Kabyles.
Pour mettre fin à toute polémique et à toute manipulation s’appuyant sur notre existence, nous, majorité absolue des membres fondateurs du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK), déclarons la dissolution du Mouvement. C’est dans un climat confus et délétère que notre décision est prise afin d’empêcher les aventuriers de tout bord, notamment le pouvoir algérien, d’exploiter voire détourner notre mouvement qui consiste à exprimer une forme de révolte, contre les contraintres imposées par un régime totalitaire. Si la finalité de notre projet est peut-être incomprise, nous réitérons que notre volonté est d’exprimer une certaine puissance pour exercer une pression de plus en vue de faire abdiquer un système sectaire et totalitaire et faire triompher les libertés démocratiques qui assureraient le droit d’existence même à des partis indépendantistes comme c’est le cas au Canada (Québec).
Le réel est transcendant, notre action se veut une remise en cause de la réalité présente pour édifier un autre mode d’organisation, autrement dit la refonte de l’État avec la fin du système centralisateur. Par conséquent, nous continuons de lutter pour l’instauration d’un État décentralisé qui prenne en charge les spécificités régionales, culturelles et linguistiques.
L’action et la pensée sont propres à l’Homme. Vouloir nous confiner dans un système clos privé de l’exercice de notre citoyenneté est inadmissible. Nous sommes des révoltés et non des brouilleurs de pistes. La liberté s’exerce dans nos décisions et se réalise dans l’action. La prise de conscience et le refus de la réalité imposée ne suffisent plus, notre engagement est une exigence pour exister dans le respect et la dignité. Nous ne prétendons pas détenir la vérité, mais nous oeuvrons à participer dans le débat national et régional en vue de contribuer au changement. Il n’y a pas de chemin menant à la vérité ; la vérité est un pays sans chemin. L’Indépendance est une option parmi d’autres qui pourrait s’imposer si le pouvoir algérien s’entête à ne pas répondre convenablement aux revendications légitimes des uns et des autres.
La dissolution de notre mouvement est une exigence historique afin de s’inscrire dans une dynamique plus large et participer activement à réinventer un certain nombre de valeurs fédératrices pour aller dans le sens de l’Histoire. Une vision fédératrice s’impose dans le contexte actuel pour orienter notre énergie vers des options de convergence, spécialement en Kabylie.
Cependant, nous ne renoncerons jamais à notre projet qui consiste à construire des passerelles entre forces démocratiques pour mettre fin à une forme d’État obsolète. Notre vision se veut globale en essayant de reconstruire une dynamique nord-africaine. La Tunisie en est un exemple édifiant. Nous continuerons, comme nous le pouvons, individuellement, en militants indépendants, n’ayant aucune aspiration à prendre aucun poste politique dans aucune structure, à dénoncer toutes les politiques basées sur la répression et le reniement de l’autre, à émettre nos critiques constructives par rapport à tout projet nous incluant en tant que kabyles et amazighs - « Un “non” émis de la conviction la plus profonde est préférable à un “oui” prononcé pour plaire, ou pire, pour éviter les ennuis » [1] - et à encourager les forces fédératrices en Kabylie et ailleurs. Quel que soit l’avenir politique de la Kabylie, elle a besoin de tous ses enfants.
Devant les Hommes et devant l’Histoire, nous assumons entièrement toutes les conséquences directement liées à la création du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK) et nous dégageons toute responsabilité quant à un éventuel usage du nom du mouvement pour quelque action que ce soit. Le Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK) est dissous le 15 janvier 2011.
Vive les peuples “invisibles” !
Vive toutes les graines du changement positif !
Vive toutes les graines du changement positif !
Fait à Aokas-Tizi N Berber et à Montréal,
Le samedi 15 janvier 2011.
Le samedi 15 janvier 2011.
Anzar Djabri, Porte-Parole du Mouvement pour l’Indépendance de la Kabylie (MIK).
Notes
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