Le MAK est un mouvement de fraternité, j’ai dû affronter la réalité. Il a fallu retrouver cette société algérienne qui ne pratique pas la fraternité. Je vis dans une société qui pourrait prôner la fraternité le vendredi mais ne la pratique pas un seul jour de la semaine. La société algérienne ne connaît pas la fraternité. Elle est essentiellement dominée par les racistes qui détiennent à ALGER des postes dirigeants. D’ALGER, ils font subir les mêmes formes d’oppression brutale aux peuples KABYLES opprimés. Le gouvernement de cette société n’hésite pas à faire subir aux peuples KABYLES les châtiments les plus féroces et l’oppression la plus brutale. Voyez ce qui se passent en ce moment même en KABYLIE ils recourent à la violence lorsque leurs intérêts sont en jeu. Mais en dépit de tout ce déploiement de violence, on attend de vous et de moi que nous soyons non violents lorsque nous ne demandons qu’un petit peu de liberté. Mais lorsqu’il s’agit pour nous de nous protéger des agresseurs, voilà qu’ils nous disent d’être violents.
C’est une honte. Car on nous gagne à la non-violence par ruse, et lorsqu’il en est un qui se dresse et parle comme je viens de faire, ils disent : « Mais, c’est un partisan de la violence. » N’est-ce pas ce qu’ils disent ? Chaque fois que vous ouvrez votre journal, vous constatez que l’un de ces machins-là y écrit que le MAK veux deviser le pays avec la violence. Le MAK n’ai jamais été partisan de quelque forme de violence que ce soit. Il a seulement dit que les kabyles, victimes des violences organisées que perpètrent à nos dépens le gouvernement raciste d’ALGER, que les kabyles doivent se défendre. Quand il dit que nous devons nous défendre contre la violence d’autrui, ils usent habilement de leur presse pour faire croire au monde qu’il appelle à la violence, un point c’est tout. Il n’appellerait personne à la violence sans motif. Mais je pense que les kabyles de ce pays auront plus de raisons que tout autre peuple au monde de se dresser pour leur propre défense, quitte à briser autant d’échines et à casser autant de têtes qu’il faudra.
Je ne crois pas en la violence, c’est pourquoi je veux y mettre fin. Vous ne parviendrez pas à y mettre fin au moyen de l’amour, de l’amour des choses d’ici-bas. Non ! Tout ce que nous demandons, c’est une vigoureuse action auto défensive que nous nous sentons en droit de susciter par n’importe quel moyen.
Ce genre de propos nous vaut d’être traités par les presses racistes du pouvoir arabo -islamistes « le kabyle est raciste ». C’est comme ça qu’ils vous rendent cinglés. Ils vous font croire que si vous essayez d’empêcher les islamistes et les djandjawid de vous agressé, vous pratiquez la violence, j’en entends parmi vous un grand nombre qui répètent comme des perroquets les propos de «pouvoir raciste d’Alger ». Vous dites : « je ne veux pas devenir racistes comme les arabo-islamistes» Eh bien, si un criminel armé d’un fusil vient rôder autour de votre maison, mon frère, pour cette unique raison qu’il a un fusil, et qu’il cambriole votre maison, ce voleur, si vous saisissez votre fusil pour le chasser de chez vous, cela ne fait pas de vous un voleur. Mais non, « le pouvoir d’Alger » use sur vous d’une astucieuse forme de logique. Je le déclare, il est temps que les kabyles s’unissent pour mener ensemble l’action nécessaire pour arracher leurs droits, afin qu’ils cessent d’avoir peur. C’est tout. Lorsque nous disons cela, leur presse nous traite de « racistes et de juifs ». « Ne combattez que dans le respect des règles fondamentales établies par ceux contre lesquels vous luttez. » C’est de la folie, mais cela montre comment ils font. En manipulant habilement la presse, ils parviennent à faire prendre la victime pour le criminel et le criminel pour la victime.
Une des astuces dont ils usent pour nous faire cette réputation de criminels consiste à prendre des statistiques et à les faire ingurgiter au public, et, en particulier aux publics arabo-islamistes, par l’intermédiaire de la presse. Car le public arabo-islamiste n’est pas seulement composé de gens mal intentionnés : il compte aussi des gens bien intentionnés. Quoi qu’il se prépare à faire, le gouvernement, à tous les niveaux, veut toujours avoir l’opinion pour lui. Au niveau local, ils publient dans leur presse des statistiques qui montrent à l’opinion que le taux de criminalité est considérable dans notre région ; c’est ainsi qu’ils nous font une réputation : à force de voir la presse mettre l’accent sur ce haut niveau de la criminalité, les gens finissent par considérer la Kabylie comme une région de criminels.
Alors, quiconque appartient à la Kabylie peut être traité dans la rue : « sale kabyle ! », et vous voilà au tapis. Vous aurez beau être un chef de partis, docteur, avocat, ou que sais-je encore : quelle que soit votre situation professionnelle, vous constaterez que l’on s’en prend à vous tout aussi bien qu’à l’homme de la rue. Tout simplement parce que vous êtes kabyle et que vous vivez dans une région kabyle que l’on a présentée comme une région de criminels et de racisites. En acceptant de vous voir sous ce jour, l’opinion fraie la voie à ceux qui veulent soumettre la région à un régime policier - on peut recourir à toutes les violences imaginables pour réprimer les kabyles, puisque, de toutes façons, ce sont des criminel et des racistes. Qui nous a fait cette réputation ? C’est, encore une fois, la presse, qui s’est laissé utiliser dans ce sens par le pouvoir ou par ses éléments racistes.
Dans ces conditions, nous nous sentions inférieurs, incompétents et désemparés. Lorsque ce sentiment s’emparait de nous, nous chargions quelqu’un d’autre de nous montrer la voie ; nous ne faisions pas confiance pour cela à un autre kabyle ni à d’autres kabyles. En ce temps-là, nous ne leur faisions pas confiance. Nous pensions qu’un kabyle était tout juste bon à jouer d’un instrument à vent - oui, à produire des sons, à vous réjouir de quelques chansons, et autres activités du même genre. Mais pour les affaires sérieuses, lorsqu’il y allait de notre sécurité, de notre culture, de notre avenir, et de notre éducation, c’est à « l’arabo-islamiste » que nous nous adressions. Jamais nous ne songions à obtenir ce que nous voulions par nos propres moyens, jamais nous ne concevions l’action à mener comme notre propre affaire. Parce que nous nous sentions désemparés. Ce sentiment provenait de non confiance que nous avions de nous-mêmes. Et ce manque de confiance lui-même découlait de notre manque de confiance pour tout ce qui était kabyle
Si le mouvement du MAK s’est développé, c’est, entre autres raisons, parce qu’il mettait l’accent sur tout ce qui était kabyle. C’est en cela que réside le secret de son succès. Sang kabyles, ascendance kabyles, culture kabyles, attaches kabyles. Et - voilà qui vous surprendra, nous nous sommes aperçus que, dans les profondeurs de son subconscient, le kabyle de ce pays est encore plus kabyle qu’il n’est Algérien. Il s’imagine être plus Algérien que kabyle, parce que « l’arabo-islamiste » le trompe, lui lave le cerveau chaque jour. L’ « arabo-islamiste » lui dit et lui répète : « Vous êtes Algérien ». Mais mon vieux, comment pouvez-vous vous prendre pour un Algérien, alors que jamais vous n’avez été traité en Algerien dans ce pays ? Jamais vous ne l’avez été, jamais. Supposons que dix hommes soient à table, en train de dîner, et que j’entre et aille m’asseoir à leur table. Ils mangent ; mais devant moi il y a une assiette vide. Le fait que nous soyons tous assis à la même table suffit-il à faire de nous tous des dîneurs ? Je ne dîne pas tant qu’on ne me laisse pas prendre ma part du repas. Il ne suffit pas d’être assis à la même table que les dîneurs pour dîner : voilà ce que vous devez vous mettre dans la tête, KABYLES de ce pays.
Il ne suffit pas de vivre dans ce pays pour être Algérien. Il en faut davantage pour le devenir. Vous devez goûter les fruits de l’algerianisme. Ce ne sont pas ses fruits, mais ses épines que vous avez goûtées. Des chardons, oui, mais des fruits, non pas. Pour conclure, je tiens à dire que jusqu’à présent le pouvoir a usé d’une méthode astucieuse qui consiste à faire semblant de chercher à résoudre le problème, alors que ce n’est pas cela qu’ils cherchent. Ils se sont attaqués aux conséquences, mais jamais à la cause. Ils ne nous ont fait que des concessions symboliques. Le symbolisme ne profite qu’à un très petit nombre d’entre nous ; il ne profite jamais aux masses. Or, ce sont les masses qui ont un problème, pas les membres de la minorité. Celui qui bénéficie du symbolisme ne tient de toute façon pas à nous côtoyer - et c’est pourquoi il s’attache au symbole.
Je le répète, je ne suis pas raciste. Je ne crois en aucune forme de racisme. Je suis partisan de la fraternité à l’égard de tout le monde, mais je ne crois pas qu’il faille imposer la fraternité à des gens qui n’en veulent pas. Pratiquons-la entre nous, et si d’autres veulent la pratiquer à notre égard, nous accepterons de leur rendre la pareille. Mais je ne pense pas que nous devions chercher à aimer qui ne nous aime pas.
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